Les coopératives, par leur particularité et leur complexité, suscitent l'intérêt dans le monde entier. Les chercheurs, les journalistes des quatre coins du globe viennent pour découvrir le groupe coopératif Mondragon afin d'écrire des articles, des livres ou réaliser des téléreportages. Certains parlent de miracle ou encore d'énigme Mondragon, car cette réussite rapide et non capitaliste semble irréelle. Cela n'a toutefois rien d'un miracle mais repose sur les actions d'une société civile qui a construit et pérennisé un projet collectif qui n'est pas exempt de tensions et dysfonctionnements.
Mondragon n'a aucune existence légale, il s'agit d'une fédération de coopératives localisées au Pays Basque espagnol. Au total, Mondragon compte plus de 250 entreprises dont 114 sont des sociétés coopératives ouvrières de production. Ces entreprises rayonnent dans plus de 20 pays et depuis la création de Mondragon en 1956 seulement trois coopératives ont fait faillite. Sur l'ensemble des salariés 83 000 employés, 85% ont le statut de coopérateurs et sont donc placés au c½ur de la gouvernance.
L'entreprise Fagor (anciennement Ulgor) est certainement la plus connue du complexe coopératif Mondragon. La coopérative se développe uniquement par croissance interne au sein du Pays basque jusqu'aux années 90. En 1989 débute pour la coopérative Fagor l'ère de l'acquisition avec le rachat de son concurrent basque Fabrelec. Le groupe s'installe au Maroc en 1994 en rachetant l'usine « Mohammedia » spécialisée dans la production de réfrigérateurs. Fagor pénètrera ensuite sur le marché polonais en 1999. Toutes ces acquisitions ont permis à l'entreprise de gagner de nouvelles parts de marché et de diversifier ses produits.
Le cas présente la situation en décembre 2013, à l'époque où la coopérative-mère Fagor et ses filiales à l'étranger étaient en faillite et cherchaient des solutions pour s'en sortir après leur dépôt de bilan. Déjà lourdement endettée, l'entreprise continue de demander des crédits à l'Etat et aux banques suite au refus de financement de Mondragon. Le résultat ne se fait pas attendre puisque l'Etat français investit 10 millions d'euros dans l'entreprise Fagor-Brandt début décembre, alors endettée à hauteur de 150 millions. La société a encore 6 mois devant elle pour se redresser mais les optimistes se font de plus en plus rares, seuls les salariés, qui ne veulent accepter la réalité, gardent espoir.
L'étude de cas met également en évidence les tensions qui traversent la coopérative et le groupe Mondragon qui tentent d'assurer en parallèle leur développement et le maintien des valeurs de la coopération. Elle illustre enfin les mécanismes et structures susceptibles de maintenir un équilibre entre les acteurs clés du développement de l'entreprise : les coopérateurs, les administrateurs, les dirigeants et les salariés.
Ce cas est plus particulièrement centré sur les problématiques de gouvernance d'entreprise. Il a été conçu pour mettre en avant les liens étroits entre la structure du sociétariat, la composition du conseil d'administration (Conseil Recteur), l'architecture de la gouvernance et la prise de décision stratégique. Ce cas est donc conçu pour être utilisé dans les enseignements de gouvernance d'entreprise et de management stratégique